Est-il possible d’être carencé dans une société d’abondance ?
Les aliments que l’on nous vend n’ont jamais été aussi beaux, lisses et abondants.
Jamais comme avant, les frontières se sont rapprochées au point de pouvoir trouver les mêmes fruits et légumes toute l’année, de provenance différente bien sûr et au point que l’on ne sait plus quels fruits et légumes correspondent à quelle saison.
Jamais donc, l’offre n’a été si abondante mais au prix d’aliments carencés en vitamines et minéraux, au même titre que l’écrasante majorité de la population. Quelles en sont les raisons ?
Notre petit-déjeuner est pris sur le pouce quand il ne se résume pas à un café, et est constitué en majorité de céréales soufflées ou de pain blanc et confiture au sucre blanc, qui forment le nid du coup de fringale de 10h. (Malgré tout ce que l’on entend je ne suis pas convaincue que l’on doive forcément prendre un petit-déjeuner. Cela est très individuel et me donne l’idée de faire un article sur ce sujet prochainement).
Puis vient la pause de midi. Certains apporteront leur repas fait maison. Mais là encore, le réchauffer au micro-onde aura pour vertu de détruire tous les apports nutritionnels dont notre corps a tant besoin.
Pour d’autres, ce sera le fast-food du coin, ou le camion à sandwich et sodas par la même occasion, ou le self de la cantine ou restaurant d’entreprise sur lesquels nous n’avons aucune vision sur l’origine des aliments et leur cuisson.
Le soir certains prépareront un repas maison et d’autres décongèleront un plat préparé ou ouvriront des légumes en conserve en accompagnement. Certains feront l’impasse sur les crudités aux 2 repas.
Quand il y a des légumes ils sont la plupart du temps soit frais, surgelés ou en conserve mais aussi probablement bourrés de pesticides et issus d’une agriculture intensive qui nuit à la densité nutrionnelle des aliments. Tout le monde n’a pas la possibilité de cultiver son propre potager, même si les astuces sur balcon fleurissent, et l’offre en bio n’est pas toujours satisfaisante ni à la portée de toutes les bourses. (ce point fera l’objet d’un article dédié également).
Une prise de conscience nécessaire
Il s’agit donc d’avoir une prise de conscience et une démarche volontaire pour partir à la recherche de la meilleure source de fruits et légumes. L’offre de paniers explose, AMAP ou non, bio ou non. Personnellement je n’aime pas ne pas pouvoir choisir moi-même mes légumes, mais c’est une bonne alternative et une bonne initiative. Sur le marché il ne faut pas hésiter à demander comment sont cultivés les légumes. J’ai récemment trouvé un producteur qui n’est pas bio mais ne traite pas en conventionnel.
Une autre alternative est le congelé avec une belle offre en bio.
Quant à la viande, le poisson, les œufs, le choix se fait entre un élevage intensif et inhumain et le producteur local à l’ancienne. (Je consacrerai également un article sur ce sujet).
Souvent ce qui l’emporte c’est le prix ou la facilité qui va avec le prix. On va à l’hyper et on en finit vite avec la corvée de courses ou on se fait livrer. Le choix est donc fait en ce sens avec les conséquences qui en découlent par rapport aux choix de ces aliments. (On fait donc le choix conscient ou inconscient de ces conséquences).
Les progrès de notre civilisation nous ont laissés espérer que le temps et le budget passés à nous nourrir prendraient une place moindre dans nos vies. Il s’est donc imprégné dans l’inconscient collectif cette idée que la part du budget consacré à l’alimentation devait baisser et l’on considère normal de rogner sur cette partie et consacrer une plus grande part de notre budget aux sorties, aux produits High-Tech et aux vacances. A ce titre ce sont les personnes les moins favorisées qui, par souci légitime de dépenser moins, achètent les produits de moins bonne qualité.
Certains d’entre nous quel que soit leur budget, se nourrissent en excès de chips, de pizzas ou de sandwichs, de purées en sachet, de pâtes blanches, de riz précuit et blanc, de barres de céréales, de baguettes blanches, de plats préparés…. Ces aliments n’apportent que des calories, voire des calories vides et presque aucun des matériaux nécessaires à la construction et au fonctionnement de notre corps.
Mais c’est pratique et rapide et représente une très large offre. Il n’y a qu’à regarder le rayon des yaourts. L’offre est tellement vaste qu’elle en donne le tournis pour s’y retrouver et on finit par choisir en fonction de la pub.
Parmi les multiples choix qui s’offrent à nous et l’avènement d’une nourriture chimique la frontière est finalement de plus en plus mince. En a-t-on véritablement conscience ?
Contrairement à autrefois où tous ces produits industriels et agriculture industrielle n’existaient pas et où l’offre était simple, aujourd’hui le pire et le meilleur se côtoient et pire vs meilleur ne veut pas forcément dire coûts bas vs coûts élevés. Or Il est possible de bien se nourrir et pour un budget raisonnable et adaptable en fonction de chacun, à condition de vouloir prendre son alimentation en main, ce qui signifie prendre le temps de savoir quoi acheter et où, et passer un peu de temps à préparer ses aliments. C’est une organisation à trouver et à mettre en place. Cuisiner ne signifie pas réaliser forcément des plats compliqués. On peut faire simple, rapide, bon et nourrissant pour le corps, sans se priver de ce qu’on aime.
Alors je me doute qu’à la lecture de ce texte vous vous dites « ok on le sait tout ça mais on n’a pas le choix et je ne vais pas me disperser dans mes courses à courir à droite à gauche » ou « mais quand même elle exagère je mange beaucoup de légumes et je cuisine ». Bien sûr. Nous sommes tous différents et mon souhait à travers cet article est de poser une tendance. Et dans une moyenne il y a forcément des écarts. C’est à chacun de voir où il se situe.
Nous sommes responsables de notre façon de consommer et à qui nous donnons le pouvoir. Coluche a dit cette phrase connue qui circule beaucoup sur les réseaux sociaux « il suffirait que les gens n’achètent pas pour que ça se ne se vende pas ».
C’est simple : au-delà de prendre soin de notre corps et d’assurer son fonctionnement optimal à travers ce que nous mangeons, nous avons le choix de « à qui nous donnons le pouvoir » et « la société dans laquelle nous voulons vivre et que nous pouvons façonner ». Les industriels s’adaptent, pour preuve la filière bio sur laquelle ils se sont précipités mais c’est à nous d’user de notre discernement et de faire nos choix. A l’ère de l’information l’ignorance est un choix. Néanmoins pour passer de l’intention au passage à l’acte il faut parfois un déclic, des efforts. Et les industriels et marketeurs le savent bien et créent la confusion. J'en reviens au rayon yaourts évoqué plus haut.
On ne sait plus, alors on va au plus simple, et puis « il faut bien mourir de quelque chose » diront certains et puis « l’air est pollué alors on ne peut pas tout éviter », alors « bon ce n’est pas si grave finalement pourquoi se prendre la tête ». Tout éviter non, on ne le peut pas.
Mais avoir le choix sur notre alimentation oui. Et autant mourir en bonne santé tant qu’à faire car on ne meurt pas forcément en mauvaise santé, hors accident évidemment. Il s’agit d’une croyance qu’en vieillissant notre santé s’affaisse. Or ce n’est pas une fatalité.
Après ce tableau un peu triste mais néanmoins réel, de quoi alors devrait être constituée notre alimentation ?
1/ Mangez peu et mangez de tout
Beaucoup d’Occidentaux mangent trop par rapport à leurs dépenses énergétiques, c’est connu.
Manger comme si nous travaillions aux champs comme autrefois alors qu’on reste assis toute la journée n’a pas de sens ! Nos organismes, déjà surchargés de toxines, sont débordés par la lourde tâche de devoir digérer une trop riche ration d’aliments de médiocre qualité. Ils se retrouvent en état de morbidité cachée ou à peine dissimulée : obésité, diabète, hypertension etc….
2/ Choisissez des aliments denses sur le plan nutritionnel
Dans la mesure du possible choisissez des aliments non transformés : des aliments entiers que l’on préparera. Les légumes prédécoupés et les salades en sachet ne sont pas à proscrire et valent mieux que pas de légumes du tout. Disons que la saveur ne sera pas la même. De la même façon qu’une tomate issue de l’agriculture ultra intensive espagnole et celle de notre potager n’aura pas le même goût ni les mêmes apports nutritionnels.
3/ Evitez les additifs
Surtout les produits qui en contiennent plusieurs : E330 etc. Ces noms barbares aux allures de noms d’autoroutes.
4/ Choisissez des céréales complètes ou semi-compètes
A faire tremper la veille (je reviendrai sur la nécessité du trempage dans un article dédié), du pain au levain. L’essentiel de l’offre des farines complètes et céréales complètes est bio. Il vaut mieux éviter les pains complets non bios car ils sont bourrés de pesticides.
Alterner pain et pâtes avec riz, quinoa, millet, légumineuses.
5/ Privilégiez les produits du terroir
Fromages au lait cru. Beurre au lait cru.
6/ Réduisez la quantité de protéines animales quotidiennes
Certains mangent de la viande 2 fois par jour c’est beaucoup trop et c’est un budget ! Choisissez des produits animaux provenant d'élevages à l'ancienne : en pâturage, nourris d'herbe ou poules picorant au sol.
On trouve également des protéines dans les légumes et les légumineuses (à faire tremper également).
7/ Réduisez les desserts sucrés et lactés-sucrés
Les remplacer par des fruits frais.
8/ Appréciez les matières grasses
3 à 6 cuillères à soupe de graisses originelles crues par jour (les doses dépendent de votre profil individuel). Il est délétère de trop vouloir les réduire. Les graisses nous sont INDISPENSABLES. Choisissez des huiles V.P.P.F. (vierge première pression à froid) et bio à défaut de connaître le producteur.
Evitez à tout prix les acides gras TRANS des huiles végétales hydrogénées et cuites (margarines, etc.).(Je ferai également un article dédié sur les graisses).
9/ Choisissez les modes de cuisson les plus doux et les plus rapides
Vapeur douce et wok. Oubliez le four à micro-ondes et la cocotte-minute.
Ce ne sont que les grandes lignes des sujets sur lesquels je reviendrai en détail par section.
Nous sommes ce que nous mangeons donc ce qui passe de notre assiette à notre ventre est loin d’être sans conséquence.
Si une chose devait être retenue, c'est que nous avons la possibilité de savoir ce que nous mangeons et de faire nos choix en conséquence. C’est juste une question de curiosité et de volonté. Ensuite le reste se fait tout seul.